
Pêche en mer : techniques d’automne
Avant l’arrivée des premiers grands froids, les carnassiers marins comme le bar, les thonidés, la liche, le tassergal ou les maquereaux se nourrissent abondamment. Il est encore temps de réaliser de très belles pêches pour peu que l’on connaisse les habitudes des poissons et les techniques appropriées pour les pêcher.
Par Georges Rambaldi
La pêche automnale signe la fin de saison pour de nombreuses espèces. La raison est simple. Avec l’arrivée de l’hiver, la température de l’eau descend et les poissons fourrages vont réagir à cette baisse de température en recherchant des zones plus chaudes. Suite aux premiers “coups de froid”, la couche de surface va être la première à se refroidir. Les poissons vont immédiatement fuir cette couche d’eau pour se réfugier plus en profondeur. Les couches profondes bénéficient encore de la chaleur accumulée durant l’été. La pêche entre 5 et 25 mètres de profondeur permet de retrouver toutes les espèces que l’on pêchait souvent en surface quelques semaines plus tôt. C’est là que l’on trouvera les prédateurs que sont les bars, lieux, liches, sérioles, tassergals, maquereaux communs et espagnols, les bonites, pélamides, etc.
LA TRAÎNE CÔTIÈRE
La petite traîne, encore appelée traîne côtière fait de plus en plus d’adeptes, notamment en Méditerranée. Premièrement, c’est une reconversion naturelle pour tous les pêcheurs de thons au large qui malheureusement depuis plusieurs années, connaissent des bredouilles à répétition. Cette année encore, les thons se sont fait rares dans les eaux de la grande bleue. Les prises sont de plus en plus petites, à tel point qu’un poisson de 200 livres est considéré aujourd’hui comme une prise très respectable. Deuxièmement, la traîne côtière permet de prendre de fabuleux poissons de sport, au premier rang desquels se trouve la sériole (le fameux amberjack aux Etats-Unis). Les sérioles de Méditerranée atteignent couramment des poids de 50 à 80 livres, ce qui, sur du matériel de traîne léger, procure une sensation forte qui s’apparente à ce que connaissent les pêcheurs de thons aujourd’hui. La sériole est, de l’avis des plus grands spécialistes, un poisson au moins aussi puissant qu’un thon du même poids. La liche amie, superbe carangue migratrice, fréquente la côte nord de la Méditerranée jusqu’au début de l’automne, puis migre, via le détroit de Gilbraltar le long des côtes du Maroc et jusqu’au Sénégal pour y passer l’hiver. Le tassergal se pêche également très bien à la traîne aux poissons- nageurs de grande taille ou au poisson mort (mulet, maquereau, orphie, barracuda). Pour tous ces poissons, l’utilisation d’un down rigger, lest muni d’une pince pour tenir le fil, puis le libérer à la touche, est indispensable pour maintenir un leurre ou un appât à la profondeur souhaitée. Une connaissance approfondie des fonds marins est toujours garante de succès. Un bon sondeur, un GPS et une carte sédimentaire de la Direction du service hydrogéographique et océanique de la marine (Shom) constituent des atouts précieux pour connaître la nature des fonds marins (vase, sable, roche), ainsi que la carte des épaves éditées par le même organisme(1).
AUX LEURRES, N’INSISTEZ PAS EN SURFACE SI LES ATTAQUES SE FONT RARES
Il est possible cependant, si le temps reste clément, d’enregistrer encores des attaques sur les leurres de surface, qu’ils soient traînés derrière un bateau ou ramenés à l’aide d’une canne à lancer. Mais si les résultats tardent à venir, inutile de perdre son temps à changer de leurre en se disant qu’une fois qu’on aura trouvé le bon… C’est en dessous que cela se passe. Généralement, l’essai de leurres plongeants procure beaucoup plus de touches. Là encore, un écho-sondeur facilite grandement la localisation des poissons.
LE JIG EN SECOURS
On entend par jigs les leurres destinés aux animations verticales. Cette technique est généralement pratiquée entre 3 et 20 mètres de profondeur. Elle est donc particulièrement bien adaptée aux conditions de pêche automnale quand il faut aller chercher les poissons là où ils se trouvent. Les épaves, si vous en connaissez, comptent parmi les meilleurs postes pour pêcher aux jigs. Les gros prédateurs ont élu domicile dans ces vieux bateaux qui font office de récifs artificiels. Parmi les jigs les plus efficaces, on trouve le Swimming jig de Spro, un leurre dense qui s’anime de façon très réaliste tant à l’ascension qu’à la descente où il plane en feuille morte. Les leurres souples comme le Mega Shad de Flashmer font également merveille. Toutes les grandes marques de leurres (Smith, Illex, Lucky Craft… proposent plusieurs modèles de jigs). Inutile de préciser que l’utilisation d’un sondeur est ici d’un grand recours.
EN MÉDITERRANÉE, PROFITEZ DES DERNIERS RAYONS DU SOLEIL
C’est en Méditerranée que l’on pourra bénéficier le plus longtemps d’une température clémente. Le mois de novembre offre encore de bonnes possibilités, notamment dans sa partie ouest et sur les côtes espagnoles. Au fur et à mesure que l’eau se refroidit le long de la côte nord, les poissons prennent la route du sud, et pour certaines espèces comme les liches, c’est le déclenchement de la migration hivernale. On peut encore les intercepter, mais cet événement ne dure guère plus de deux ou trois semaines.
DEPUIS LE BORD, FAITES LES ESTUAIRES
Grand classique de la pêche en Méditerranée, les estuaires sont des postes privilégiés pour la pêche en surf casting et aux leurres. Si de plus une grosse crue vient troubler les eaux de la rivière, c’est le moment d’en profiter. Les sédiments arrachés aux bassins versant de la vallée font transiter un millier de tonnes d’organismes vivants tant animaux (insectes) que végétaux. Le poisson fourrage foisonne dans la zone d’eau trouble arrivée en mer. Et comme toujours, cette concentration attire les prédateurs. Citons le delta du Rhône, l’embouchure du Vidourle, de l’Aube ou de l’Hérault.
(1) Direction du service hydrogéographique et océanique de la marine (SHOM) 3, avenue O. Gréard, BP5, 75007 Paris.
Tél. : 01 44 38 41 16.