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Une partie de pêche avec Greg Hoarau

Gregory Hoarau est un ancien compétiteur mouche. Il pêche de façon assidue de nombreux réservoirs de l’Hexagone ou du Royaume-Uni, au gré notamment de ses déplacements professionnels. Il se promène toujours avec de quoi pêcher à la mouche, et s’intéresse à tout ce qui porte des écailles. Il a toujours aimé pêcher les réservoirs en “petites mouches” et n’y pratique plus que cette pêche. Je souhaitais depuis longtemps qu’il puisse nous faire partager cette technique qu’il maîtrise particulièrement bien. Nous nous sommes retrouvés sur réservoir, à Recques-sur-Course, dans le Pas-de-Calais, pour une partie de pêche.

Par Philippe Collet

Au bord d’un réservoir, ne demandez pas à Greg de vous sortir un streamer, il n’en aura probablement pas avec lui. Il utilise pourtant cette technique pour pêcher les carnassiers ou les poissons marins. Il a d’ailleurs souvent dans sa voiture une boîte de streamers à brochet et le matériel dédié à cette technique qu’il pratique volontiers quand l’occasion se présente. Leurrer les truites de réservoir au streamer ne l’intéresse pas. Il cible les plans d’eau où les poissons sont habitués à consommer régulièrement des insectes aquatiques et apprécie d’autant plus la pêche que les poissons actifs sont difficiles et sélectifs. Dans ces conditions, il est un des rares à bien tirer son épingle du jeu et ce, sans pêcher avec des fil arachnéens. Son équipement réservoir tient dans une petite besace ceinture et est limité au minimum. Ses nombreuses années d’expérience l’ont amené à éliminer tout matériel superflu et à ne garder que le matériel parfaitement adapté. Quatre boîtes à mouches, garnies de modèles de chironomes, hoppers, nymphes, émergentes… largement validés lui suffisent pour faire face à de nombreuses situations. Quelques bobines de fluorocarbone, une pince écrase-ardillon, un coupe-fil avec aiguille, un ketchum release (genre de dégorgeoir adapté à la pêche à la mouche) pour extraire, sans dommage pour les poissons, les mouches engamées trop profondément, une épuisette à long manche complètent son équipement. Sa canne est une Loomis GLX classique en deux brins de 10 pieds pour soie de 6 équilibrée d’un moulinet Danielsson garni d’une soie Triangle Taper Lee Wulff flottante de 6.
Il emporte avec lui une bobine de rechange garnie d’une soie intermédiaire lente, là encore une Triangle Taper de taille 6, pour pratiquer sa technique, de la même façon, quand les poissons se tiennent plus profond (les jours ensoleillés notamment). Ajoutons à tout cela quelques polyleaders intermédiaires rapides (bas de lignes dégressifs réalisés dans un matériau identique à celui d’une soie) de 1,5 mètre. La base de sa technique, qui vise à leurrer des poissons résidents qui se nourrissent, est de tout mettre en oeuvre pour rendre pêchant, le plus vite possible, un train de deux ou trois mouches. Pour cela il faut le poser correctement et veiller à noyer le fil rapidement. La frontière entre la réussite et l’échec est mince et tient à de petits détails que nous avons essayé de bien lister avec Greg pour vous les retranscrire ici. Au passage, la discussion passionnante que nous avons eue, jusque tard dans la soirée, dans une brasserie proche du réservoir à Montreuil-sur-Mer, la moitié de la table encombrée de boîtes à mouches et de notes, a dû paraître totalement surréaliste aux autres clients de l’établissement.

Les mouches

Greg a quelques mouches de base, très efficaces, qu’il a longuement validées et auxquelles il croit, quoi qu’il arrive. Ces artificielles sont déclinées en séries de cinq ou six imitations identiques pour ne pas être démuni, après quelques casses, s’il a trouvé la mouche qui marche.
Comme nous le verrons plus loin, il monte différents types d’imitations :
– des mouches noyées destinées tout d’abord à flotter, puis patouiller dans le film de la surface avant de couler sous la traction du fil (bécasse oreille de lièvre, purple pennel royale, bécasse royale).
– des nymphes légèrement lestées comme la pearly pheasant tail ou la saint-philbert
– des chironomes.
Il monte ses mouches sur des hameçons à pointe pioche Tiemco 100 SP BL pour les nymphes, les noyées et parfois les chironomes, et Tiemco 2499 SP BL pour les chironomes. Ces hameçons, de par la forme de leur pointe, pénètrent très facilement à la touche, même à travers le cartilage de la mâchoire des truites, et ne nécessitent pour ainsi dire pas de ferrage. Ce dernier doit en effet être proscrit car il est générateur de casses. Il est remplacé par un relevé de la canne permettant de simplement prendre contact avec le poisson.

Le bas de ligne

La soie est prolongée d’un polyleader de 1,50 m suivi de 20 cm de 20 centièmes, 60 à 70 cm de 18 centièmes, une première potence de 10 à 15 cm en 16 centièmes, 1,20 à 1,50 m de 16 centièmes, une deuxième potence de la même longueur que la précédente en 14 centièmes, 1,80 m à 2,30 m de 14 centièmes. Le bas de ligne mesure donc, après le polyleader, de 3,80 m à 4,70 m. La version la plus courte permet de cibler les poissons aperçus sous la surface ou ayant gobé, en anticipant leur trajectoire. La version la plus longue permet de pêcher l’eau en barque dérivante ou ancrée, le vent dans le dos. La combinaison des diamètres 20, 18, 16 et 14 est la plus fine. Elle peut être plus solide si la pêche est moins difficile ou les poissons trop violents : 20, 18 et 16 ou 20, 18.
Lorsqu’il pêche en Angleterre, Greg est rapidement contraint de réaliser le montage le plus solide, car les casses sont quasiment systématiques avec des fils plus fins. A deux mouches, le bas de ligne est constitué de 20 cm de 20 centièmes, 1 m de 18 centièmes, une potence de 10 à 15 cm en 18, 16 ou 14 centièmes suivie de 2,50 m de fil du même diamètre. Greg apprécie la soie Triangle taper pour sa capacité à pousser et déployer ces longs bas de ligne. Bien qu’assez courte (27 mètres), cette soie lui permet de placer régulièrement sa mouche de pointe à 30 mètres. Pour ne pas emmêler les plus longs de ses bas de ligne, Greg pêche souvent en barque, le vent dans le dos ou de côté. Il shoote alors une boucle assez large vers le ciel pour que le train de mouches soit porté par le vent et se déploie bien en ligne. Du bord, avec un vent de face, il passe à deux mouches et serre plus sa boucle.


Ancrer le montage

Les mouches sont réparties sur le bas de ligne de différentes façons. Le premier montage est constitué d’une nymphe légèrement lestée en pointe, d’un chironome en deuxième potence, d’une mouche noyée en première potence (potence vers la soie). Il permet de couler rapidement le fil et d’ancrer l’ensemble, tiré d’un côté par le polyleader intermédiaire, qui prolonge la soie et coule instantanément, et de l’autre par la mouche de pointe et le chironome.
Le deuxième montage se compose d’une noyée assez volumineuse en pointe et d’un chironome sur chaque potence. Dans les deux cas, le fil, du fluorocarbone choisi pour sa raideur et sa forte densité, disparaît rapidement sous la surface, se soustrayant à la vue des poissons, tiré par le polyleader et les nymphes ou les chironomes. Posé bien en ligne, le montage coule rapidement sans mou ni cassure.
La mouche noyée flotte un certain temps, pêchant comme une mouche sèche, puis se noie progressivement en faisant un sillage des plus attractifs. Le premier montage permet l’exploration d’une profondeur supérieure. La mouche noyée flottant pouvant faire office de bouchon ou d’indicateur de touche quelques instants. Le second montage pêche dans les 10 à 50 premiers centimètres sous la surface. La mouche noyée contribue, surtout si elle est volumineuse, à maintenir les chironomes à faible profondeur. A deux mouches le principe est le même, il suffit simplement de retirer un chironome sur chacun des montages décrits précédemment. En coulant rapidement, le train de mouches reste bien en ligne sur près de 5 à 6 mètres. Il n’y a pas de perte de distance. Seule la soie est prise par la dérive de surface. Au moindre contact du poisson avec une mouche, ce dernier, qui est le plus souvent en mouvement, ne peut que se piquer, un peu à la façon d’une truite sur un train de mouches noyées en rivière. L’ancrage rapide du montage est la clef de la réussite. La rapidité avec laquelle le fil se noie permet aussi de leurrer des poissons attirés par l’impact des mouches qui n’auront pas le temps de voir le trait du fil sur l’eau.
Avec cette méthode, Greg n’a pas besoin de dégraisser son fluorocarbone.
Il ne graisse pas sa mouche noyée qui après chaque lancer flotte ainsi seulement quelques secondes avant de s’engluer puis de couler. Ces différentes phases semblent avoir un impact particulier sur les poissons, auxquels elles font parfois perdre toute méfiance. Le poser doit être le plus propre possible, quitte à raccourcir le lancer, pour permettre au train de mouches de pêcher tendu. Après chaque posé correctement effectué, il convient de maintenir le train de mouches statique quelques secondes. Ce moment où la mouche noyée flotte encore et les chironomes et les nymphes coulent dans un plan vertical est particulièrement prenant, surtout sil’on a posé à proximité d’un poisson sans l’affoler. En début de pêche le polyleader peut flotter, surtout s’il est neuf. Une fois mouillé quelque temps, il coule instantanément. Une petite astuce de compétiteur consiste à mouiller ses soies intermédiaires préalablement pour qu’elles coulent ensuite directement dès le premier lancer.

Jouer de la guitare

L’animation du train de mouches peut être réalisée de façon classique en tricotant la soie plus ou moins lentement, ou à la façon de Greg en jouant de la guitare. Il s’agit de tricoter ou puller (tirées amples) avec une main et de faire vibrer, en même temps, le doigt (index ou majeur) de l’autre main sur lequel repose la soie. Pour les pêches en barque dérivante, lorsque les dérives sont rapides, le contact avec les mouches ne peut être maintenu qu’en pullant rapidement la soie.
Le tricotage n’est alors plus possible, l’animation des mouches peut toutefois être réalisée en quasisur- place grâce à cette astuce. De la même façon si l’on pêche du bord, un tricotage lent ne permet que de maintenir le contact avec les mouches en résorbant les plis de la soie, qui revient systématiquement vers le pêcheur. Quelles que soient les conditions, cette pratique, qui a priori demande un peu d’entraînement et un travail de coordination, permet d’ajouter une animation continue ou ponctuelle pour donner plus de vie aux mouches, sans réellement les accélérer. Je n’avais encore jamais vu cette animation, Greg a l’air d’avoir trouvé là quelque chose d’intéressant.

Le lift

La longue canne de 10 pieds permet d’animer un long train de mouches en phase finale de ramener, sur le lift. Cette remontée du bas de ligne, soustrayant les mouches une par une de l’élément liquide, est une phase importante de l’animation. Bien exécutée, en accélérant la montée des mouches vers la surface et en les faisant sautiller l’une après l’autre lorsqu’elles ont atteint cette dernière, elle permet de prendre de nombreux poissons, que ce soit du bord ou en barque.
Une grande canne permet aussi, avec de longs bas de ligne, de mettre plus facilement à l’épuisette les poissons pris sur la mouche de pointe sans emmêler la première mouche de potence dans l’anneau de tête de la canne. Il conviendra toutefois de prévoir une épuisette dotée d’un grand manche. Cette technique est totalement transposable sur les plans d’eau d’Irlande ou d’Ecosse, peuplés de poissons sauvages. Sa maîtrise permet de ne pas être ridicule lorsqu’on aborde ces étendues d’eau vastes et inconnues.

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