
Japon : l’archipel du black bass
Voici le récit (publié en juillet 2010 dans Pêches sportives) d’un champion de pêche aux leurres en voyage au Japon, un pays qui a vu la naissance de nombreux leurres innovants, devenus au fil du temps des références connues partout à travers la planète. Jérôme Palaudoux, compétiteur émérite du circuit de l’AFCPL, nous livre ici ses impressions de voyage. Suivez le guide…
Par Jérôme Palaudoux
Le Japon est une destination qui fait rêver. Pas forcément pour son exotisme, même si le dépaysement est au rendez-vous. Certains y apprécient les temples, les jardins zen ou encore l’étonnant mélange entre tradition et ultramodernité. Au fil des ans, j’ai déjà exploré ces différentes possibilités, mon travail m’amenant parfois dans cette contrée lointaine… J’ai même visité quelques magasins de pêche japonais, mais le timing serré de mes voyages professionnels ne m’avait jamais permis d’y pêcher. Pourtant, les nombreuses vidéos présentes sur Internet ne faisaient qu’aiguiser mon envie d’en découdre avec les gros black bass nippons… Et, cette fois, j’ai eu le temps de m’organiser un petit week-end de pêche… Bien aidé pour cela par mon sponsor (French Touch Fishing) qui distribue, entre autres, les produits Reins.
Ça tombe plutôt bien : Ryo, qui est le designer-testeur- commercial de cette entreprise qui fabrique l’ensemble de ses leurres souples au Japon (et non pas en Chine !), habite non loin de l’aéroport de Narita. Lui et un de ses amis, Ogi, sont donc mes guides pour deux jours : le premier sur la légendaire Tone River et le second sur un grand lac japonais, le lac Kasumi. Ces deux spots mythiques sont situés à environ 50 km de Tokyo. Dès ma sortie de l’avion, on fonce sur Tone River. Le temps de mettre le bass boat à l’eau, nous sommes déjà en action… Et c’est là que je vais vraiment réaliser qu’en matière de pêche (comme de vie…) il y a deux Japon ! Quid des bass monstres des vidéos qui bercent nos soirées hivernales ? Je me suis trompé d’endroit, semble-t-il… Au cours de cette journée, je parviendrai à capturer un bass maillé et un petit, tandis que Ryo en capturera un maillé. La technique du jour est le light texas (montage texas avec plombée de 3,5 g) dans les obstacles, avec une Reins Hog.
Le second jour, je monte sur le bateau d’Ogi pour pêcher une infime partie des 220 km² de Kasumigaura.
Après une prospection de roselières en light texas (mais avec des tubes, sur ce plan d’eau !) où je rentre deux poissons corrects, nous filons sur d’autres secteurs où des pêches encore plus fines (worms en weightless, wacky…) nous permettent de sortir une dizaine de poissons chacun ! Résultat très correct, mais bien en deçà de ce que j’avais vu sur Internet, niveau taille des prises… Ces résultats en mi-teinte me motivent donc pour poser de nombreuses questions à mes hôtes… Ryo et Ogi y ont répondu, et je peux donc vous en dire plus.
La voie du bass
Pour ceux qui l’ignorent, il existe deux grandes espèces de black bass. Outre la souche que nous avons en France (micropterus salmoides), il existe également une version “musclée”, la souche Florida qui est en fait une sous-espèce qui a la particularité de devenir plus grosse. C’est souvent la pêche de cette dernière qui est présentée en vidéo, en particulier sur le lac Biwa (plus grand lac nippon avec 670 km² !). Mes amis Fred et David ont eu la chance, suite à un salon pêche à Osaka, de pêcher en hiver ce lac magnifique.
David y a d’ailleurs capturé un magnifique spécimen ! Cependant, cette souche Florida n’est présente que sur trois lacs japonais, situés à l’ouest de l’île (en gros autour d’Osaka). Les pêcheurs nippons séparent d’ailleurs d’eux mêmes leur pays en deux parties en ce qui concerne la pêche du black bass. A l’ouest se trouvent donc ces gros bass, qui sont pêchés la plupart du temps avec du matériel “d’homme” (à part les pêches hivernales, bien sûr !). La pression de pêche y est, semble-t-il, relativement peu importante. Attention, ces paroles me parviennent de pêcheurs de l’Est, mais je ne mets pas leur parole en doute une seconde ! Et, à l’est justement (Tokyo et environs très élargis), seuls des bass “normaux” sont présents, tandis que la pression de pêche est très importante.
Et ça, je peux en témoigner ! Je n’ai jamais vu autant de bateaux et de pêcheurs (même du bord) sur l’eau. Les marinas sont nombreuses et remplies de beaux bass boats plus puissants les uns que les autres.
Les petites coques alu sont également légion… Rien à voir avec la France ! J’ai vu en une journée de concours “local” sur ce seul lac autant de bass boats que ce que nous en avons en France ! Les techniques sont ici plus fines afin de tromper la méfiance de poissons plus éduqués.
L’art de vivre nippon
Voilà, mon rêve de gros black bass s’est envolé. Je n’ai pas battu mon record, qui reste donc français (j’en profite pour saluer les efforts de quelques amis bénévoles BBF, sans qui les populations de bass n’en seraient pas là où elles sont chez nous ! Et il reste tant de travail à accomplir…), mais l’essentiel n’est pas là.
Comme dans tous les voyages, l’apport et l’enrichissement sont avant tout à retirer des échanges humains.
Les moments passés avec Ryo, Ogi et leurs amis resteront gravés dans ma mémoire. Même si la communication n’est pas forcément aisée (à part quand on parle pêche et technique, là aucun souci !), les rigolades sont franches. Il faut avouer qu’entre mon anglais fortement teinté d’accent franchouillard et leur manque de pratique de la langue de Shakespeare, c’est parfois cocasse ! Les conversations en anglais sont la principale difficulté qu’un étranger pourra rencontrer au Japon. Quelques conseils :
vous pouvez commencer par prononcer tous les “r” comme des “l”. Le son “r” est peu commun en japonais.
Dernier recours, le plus efficace selon moi : ne pas systématiquement parler, mais écrire ! L’apprentissage de l’anglais se fait visiblement plus de manière manuscrite qu’orale (comme en France en fait !). Et il y a également peut-être un blocage inhérent à l’histoire. Mais cette analyse n’engage que moi.
Sinon, apprenez le japonais ! Mais, malgré ceci, ce pays est vraiment fascinant, tout comme ses habitants.
Vous ne resterez pas perdu longtemps là-bas, vous trouverez toujours quelqu’un pour vous aiguiller (autant que possible), voire pour vous montrer le chemin ! Quelques points à relever absolument : la politesse, l’ordre et la discipline ! C’est parfois troublant pour un Européen – encore plus pour un Parisien comme moi ! mais c’est surtout très appréciable ! La politesse est de mise partout, surtout dans les magasins où le client est ici roi, et les bousculades pour prendre le train ou le bus sont inexistantes. De nombreuses règles de politesse diffèrent fortement de nos standards, mais nous ne les aborderons pas ici. Prudence dans tous les cas : on peut très rapidement choquer, les personnes âgées en particulier.
Organiser son voyage
Le Japon est un pays riche, un séjour y est plus onéreux que dans d’autres pays asiatiques. Voici quelques exemples de coût.
– Les repas sont délicieux et finalement pas forcément onéreux ! On peut manger très facilement pour 6 à 10 euros ! Pour cette somme, vous avez un plat, un bol de riz, une soupe, un peu de tofu et de crudités (choux, etc.). En revanche, oubliez les desserts et le fromage. Quelques plats typiques à tester absolument : tonkatsu (porc pané et frit), tempura (beignets de poisson, crevette ou légumes), soupes Miso, anguille grillée… ou encore les traditionnels sushis et sashimis (produits assez chers tout de même). L’eau et/ou le thé sont compris dans le repas.
– Quant au logement, une chambre en Ryokan (petite auberge typique ou chambre chez l’habitant) coûte entre 50 et 80 euros la nuit par personne. Attention, dans un Ryokan on dort souvent par terre… Une nuit dans un hôtel de bonne qualité revient à 70-100 euros environ, parfois beaucoup plus. Mais le jeune pêcheur pourra toujours trouver une auberge de jeunesse à un tarif plus correct (de 20 à 30 euros).
– Un poste de dépenses qui peut se révéler très lourd est celui des transports sur place. Le réseau ferré est très développé, mais les tarifs sont supérieurs à ceux pratiqués en France. La solution consiste dans l’achat d’un “Japan Rail Pass”, réservé aux étrangers, à acheter avant votre départ. Par exemple, pour un passe d’une semaine, d’un coût de 200 euros environ, vous pourrez voyager sur l’ensemble du réseau de la compagnie Japan Rail, à l’exception des Shinkansen, super TGV japonais.
– Un billet d’avion pour vous rendre à Osaka ou Tokyo verra son prix varier (logiquement) suivant les saisons. Nous vous conseillons d’éviter la saison des pluies (juin et septembre), l’humidité ambiante pouvant être difficile à supporter. Le mois d’avril peut se révéler très intéressant, en particulier si les cerisiers (sakura) sont en fleur… Il faut compter entre 600 et 1 000 euros l’aller-retour. Les compagnies les plus courantes sont Air France ou Japan Air Lines (pour des vols directs, souvent opérés en commun), ou encore Lufthansa ou Corean Air Lines pour des vols avec escale. N’hésitez pas à prendre vos billets longtemps à l’avance et à chercher le meilleur tarif sur Internet.