
La pêche au chatterbait
Le Chatterbait est née dans un garage il y a quelques années aux Etats-Unis chez un passionné de pêche au black-bass. La légende veut qu’il en ait confié quelques-uns à des amis compétiteurs qui, avec ces leurres, ont enregistré de très bons résultats. Voici quelques pistes pour en faire le meilleur usage…
Par Jean-Marc Theusseret
L’association d’un jig à jupe et d’une palette a donc donné naissance à un leurre que l’on trouve désormais sous le nom de chatterbait. Pour être précis, Chatterbait est avant tout une marque spécialisée dans ce type de leurres. A l’instar du Frigidaire ou de la Mobylette, le Chatterbait est tombé dans le langage courant et désigne donc ces leurres très atypiques. Pourtant le premier modèle commercialisé l’a été (et l’est toujours) sous la marque Rad Lures. La définition exacte du “chatterbait” serait “appât qui broute”, comme quoi la traduction littérale ne marche pas à tous les coups ! S’il n’a rien d’un ruminant, le chatterbait vibre, s’ébroue, se secoue d’une façon peu commune dès qu’on le ramène par une tirée franche.
L’effet vibratoire de la palette se transmet alors au leurre entier, qui semble pris d’une crise d’épilepsie aiguë. Le rapport volume/ vibrations est plus élevé que celui des lipless et des cranckbaits, ce qui n’est pas peu dire !
Un piège à brochets
Tout comme les spinnerbaits, que les pêcheurs français connaissent bien aujourd’hui, les chatterbaits ont été initialement conçus pour la pêche du black-bass à grande bouche (le large mouth bass). Mais ces deux leurres se révèlent redoutables pour la pêche du brochet européen, notamment dans les zones encombrées d’herbiers.
Plus encore que le spinnerbait, notre jig à palette est typiquement un leurre de pêche à la surprise dont le piège fonctionne principalement lorsque le poisson ne voit pas le leurre mais l’entend. Il provoque des attaques éclair de la part de brochets qui n’auraient sans doute pas réagi au passage d’un spinnerbait et encore moins à celui d’un simple leurre souple. Sur ce plan, le chatterbait apporte un plus indéniable et ô combien intéressant lors des pêches d’été où, dans bien des cas, les brochets embusqués dans les herbiers sont beaucoup moins actifs qu’au printemps ou à l’automne.
Nos essais réalisés en plans d’eau très riches en potamots, renoncules, nénuphars et en autres végétaux divers et variés mettent en évidence des touches à proximité des zones végétales denses. La pêche en milieux ouverts entre les massifs de végétaux n’a pas donné la moindre touche. Pire, les quelques brochets pêchés à vue en zones dégagées, qui ont donc vu arriver le leurre de loin, se sont enfuis à toutes nageoires ! Ce point est intéressant à observer car il en dit long sur l’utilisation des leurres bruiteurs en dehors de postes encombrés très marqués. Cela explique également pourquoi certains pêcheurs n’ont presque rien pris avec les chatterbaits.
L’action de pêche reste celle d’un jig
L’utilisation d’un chatterbait reste des plus simples. Ceux qui connaissent la pêche au poisson mort manié seront ici en terrain connu. Comme pour tous les jigs, l’animation est essentiellement constituée de tirées de 0,50 à 1 mètre environ suivies de relâchés. On doit sentir immédiatement dans la canne les vibrations du leurre. Sous l’effet de la tirée canne haute, la palette bute sur l’eau se met à se déhancher frénétiquement. C’est immanquable, même à longue distance, tant la canne se fait l’écho des vibrations du leurre. En cas de longs lancers, une récupération linéaire est aussi très efficace, avec là aussi de fréquents relâchés. Tout est possible (y compris la pêche la traîne, là où celle-ci est autorisée), mais c’est à courte et moyenne distance que la pêche au chatterbait donne le meilleur d’elle-même.
Faire les trouées d’herbiers en float-tube
La pêche des carnassiers aux jigs demande une bonne précision pour pêcher les postes encombrés, surtout s’il s’agit d’arbres immergés. Notez que les modèles de chatterbaits sont dépourvus d’hameçon anti-herbe, ce qui est regrettable. Raison de plus pour faire attention. L’idéal pour cette pêche inquisition dans les repères à carnassiers est d’être placé en hauteur, sur la plateforme d’un bass-boat.
Comme tout le monde ne dispose pas de ces bateaux très équipés, le float-tube permet au moins, faute de hauteur, d’être d’une discrétion qu’aucun bateau n’arrivera jamais à atteindre.
Faire les trouées d’herbiers au chatterbait est un plaisir que je vous souhaite le plus souvent possible. Si vous bénéficiez d’eau claire, vous verrez alors les attaques à quelques mètres de vos palmes ! De plus, il est possible de placer votre leurre avec une grande précision là où vous voulez, en contrôlant facilement son entrée dans l’eau, toujours dans le but de rester discret. Un régal !
Les leurres souples associés
Un grand nombre de modèles de leurres souples peuvent être placés sur l’hameçon des chatterbaits. Ils apportent surtout de la mobilité lors des relâchés pour faire en sorte que le leurre reste attractif. On peut opter pour un modèle à simple ou à double appendice. Tout est une question de volume et, par conséquent, de résistance dans l’eau. Si l’on doit pêcher une zone profonde, un modèle volumineux sera un frein pour leurre alors que, sur un haut fond, cela devient un avantage.
A chacun d’adapter son choix selon ses envies et la configuration des postes. On peut en tout cas considérer que de simples leurres souples de type virgule à simple ou double appendice peuvent convenir. Si l’on veut pousser plus loin les recherches, notamment dans la famille des leurres souples double, le Berkley Sabertail est particulièrement bien adapté. Ce leurre muni de deux longues “pattes”en forme de sabre est parfait tant il évoque la nage de l’écrevisse durant la traction, mais aussi au relâché. Dans le même genre, le Zoom Super Chunks est très recommandable, tout comme il l’est derrière les spinnerbaits. Plus nageant avec ses deux pattes en forme de coeur, le Berkley Double tail Grub est aussi très bon. La liste pourrait être longue, car de nombreux leurres souples conviennent. Néanmoins, il convient de ne pas sous-estimer le choix du leurre associé tant il est important lors des phases de descente du leurre.
Les différents modèles Booyah Boogie Bait
Sans doute le meilleur, et un des rares modèles du commerce bien distribué en France. La réalisation est de très bonne facture, avec une jupe digne de ce nom et surtout un système d’anneaux où vient s’accrocher la palette large qui n’entrave pas celle-ci. De plus, l’hameçon, suffisamment long et piquant, est monté sur une partie câblée qui le rend mobile lorsqu’il se trouve planté dans la gueule du carnassier. Cela permet d’éviter les décrochages. Un très bon produit largement distribué par Flashmer. Poids total du leurre : 17 g. Il existe aussi son petit frère, le Boogie Bait mini, qui est vraiment une copie miniature du plus grand. Poids : 3,5 g. Pour le black-bass et la perche.
Delalande Exit’Jig Le seul chatterbait français est proposé par la maison Delalande.
Il s’agit d’un leurre de premier prix (autour de 6 euros), muni d’un hameçon très correct, qui est parfait pour se familiariser avec ce type de leurre. On pourra aussi le risquer sans trop de regret sur des postes encombrés.
Poids : 14 g.
Chatterbait (le vrai) Quel dommage que ces leurres ne soient pas importés en France ! Tout d’abord, on compte quatre modèles de différents poids et volumes : 7, 14, 28 g. Le modèle de 14 g est proposé en deux versions, l’une munie d’un hameçon classique non protégé, et l’autre avec un hameçon texan à ouverture large, ce qui permet de passer plus sereinement au mieux des herbiers. C’est l’offre la plus complète dans ce type de leurre. Le modèle le plus lourd est vendu sous le nom de Chatter Frog, avec sa tête et son leurre souple imitatif du batracien De plus, chatterbait propose un kit avec quatre têtes, six jupes, et une dizaine de leurres souples (de piètre qualité toutefois).
Rad Lures (le premier) C’est le modèle historique, celui que les autres marques ont copié. Très bon modèle, mais très compliqué à trouver car non importé en Europe. Poids : 14 g.